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Le français, l'artiste et le
percepteur
Un français assez haut
perché dans son estime, veillait sur le peu d'argent
que lui avait laissé le fisc.
Un artiste sans grand talent, alleché
par l'odeur de l'argent, lui tint à peu près
ce langage :
«Mon cher compatriote. Que vous
êtes intelligent ! Que vous me semblez cultivé
! Vous faites incontestablement partie du peuple le plus
éclairé de cette terre, le peuple
français. Notre merveilleuse culture souffre pourtant
de la concurrence déloyale de celles d'autres peuples
barbares (Les américains). Ne pensez vous pas que
l'Etat français devrait subventionner cette belle et
grande culture qui est la marque indiscutable de notre
supériorité sur le reste du monde
?»
A
ces mots, le français qui ne se savait pas si
intelligent et si cultivé, ne se sentit plus de joie
et répondit :
«Assurément ! L'Etat doit
subventionner notre grande et belle
culture.»
L'artiste salua le français et prit
congé, content du tour qu'il venait de lui
jouer.
Un percepteur se présenta alors, et
réclama au français un peu d'argent. Comme
celui ci protestait qu'il avait déjà
payé ses impôts, le percepteur lui
répondit :
«Apprenez :
1. Que tout flatteur vit aux
dépens de celui qui l'écoute.
2. Que les subventions de l'Etat
à la culture ne tombent pas du ciel mais viennent de
votre poche.
Si l'artiste vous a fait du boniment, c'est
uniquement pour vous prendre un peu de votre argent. Cette
leçon vaut bien une taxe sans doute.»
Le français honteux et confus, jura,
mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
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