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Il était une fois...un curé
qui, dans son église, n'avait point
d'orgue.
"Sacristie, se dit-il, je ne vis pas dans
une hutte, je dois prendre les mesures qui s'imposent pour
obtenir des orgues; il me faut utiliser tous les moyens
à ma portée pour y parvenir !"
Il quitta alors Monica, sa tronc-bonne (un
malheureux accident avait rendu cul-de-jatte la pauvre
femme), et il se mit en chemin.
Ainsi rencontra-t-il un lamineur
appelé Octave, qui habitait au rez d'un pavillon
vétuste, près du marché aux puces. Il
crut qu'il était dans ses cordes de détenir
ainsi la clef de son problème majeur.
Or, l'homme était un fat, ne contant
que des fad(i)aises qui eurent tôt fait de rendre
notre abbé mol.
Las, il lui tourna le dos pour lire la carte
et pris d'une quinte, il saisit une scie qu'il jeta sur le
sol.
Soudain, le faquin s'écria:
"Puisqu'il n'y a pas de tierce personne ici, violons un
secret, je puis t'apprendre que je suis le démon!
Unissons nos destins !"
"Qu'est-ce ?" sursauta le
curé
Une pause s'établit avant la prise de
bec, comme dictée par un commun accord.
Notre abbé dit enfin: "Et toi, Satan,
apprends que si l'on chante dans mon église,
ça ne signifie pas qu'elle est une chaire à
canons !"
Mi-amusé, le démon jeta: "Ton
église est-elle un do mi si la sol si fa si la si
ré ? Aarp, Aarp, Aarp, Aarp, Aarp (rire diabolique
naturellement)"
"Silence! Il n'est pas si tard, mais je ne
veux point passer une nuit blanche à contrer ta magie
noire, ta ronde infernale ne se terminera pas sans anicroche
! Et d'ailleurs que sot fais-je, quelle harpe ai-je ?" "Ach,
Monica ce que ces gags sont mauvais !"
pensa-t-il.
"Veux-tu donc t'emparer de mon corps pour le
jeter au violon, petit curé ? Mais alors ton violon
n'aura pas d'âme, car mon corps n'est pas
habité…" (pourtant l'on sait que tant que le concert
dure, Satan l'habite).
Satan tenta de le frapper à la
hanche.
"Halte au feu!" se dit le curé en
s'emparant d'une pétoire. "Vois, Démon, tu vas
mourir de cinq balles en plein cœur: Pan ! Prépare
ton dernier soupir, à la fin de l'envoi, je touche
!"
Bien décidé à ne pas se
Lucifer, Satan disparu dans un nuage de soufre comme lui
seul ose en faire.
Ainsi le curé put s'enfuir, mais il
avait perdu la raison, il était devenu marteau. Il
partit au bois ramasser des baies molles les jetant
tantôt dans une timbale, tantôt dans un
cornet.
C'est ainsi qu'il gagna ses orgues…à
coup de piston.
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