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Paris - Le Dr Mordicus,
généraliste spécialisé dans le
traitement de la rage et des maladies tropicales, est
prêt. Il affrontera sans peur l'épidémie
de grippe A. Il sait qu'en cas de suspicion - fièvre
supérieure à 38,5° C, toux, fatigue - le
patient doit s'adresser à un médecin
généraliste, donc à lui. Dans son
cabinet, après chaque nouvelle visite, le Dr Mordicus
prend une douche de solution hydro-alcoolique. Le Dr
Mordicus a perdu quelques cheveux depuis, mais il n'est pas
tombé malade. Il conserve aussi un stock de masques
de type FFP2 (en forme de bec de canard de surface Anas
platyrhynchos dit colvert) reçus en 2005 pour la
grippe aviaire. "Je n'ai utilisé de masque qu'une
seule fois : j'avais un patient mexicain", rit le
médecin chauve.
Toutefois, le Dr Mordicus se pose encore
quelques questions, pressentant que ses patients pourraient
les lui poser.
Peut-on éternuer soi-même dans
son propre masque ?
Rappelons que la transmission de la grippe A
se fait par voie aérienne: par l’intermédiaire
de la toux, de l’éternuement ou des postillons. Le
masque prévient de la propagation dans l'assiette du
voisin à la cantine ou à la figure du passager
assis en face dans le bus, sur une place prioritaire pour
les "personnes âgées". Les personnes
âgées sont donc mieux protégées
que la moyenne nationale des utilisateurs de bus.
Mais se pose la question du risque de se
contaminer soi-même. Si la toux n'est pas sèche
ou que l'on éternue grassement, quel est le risque de
se contaminer soi-même ?
Question de bon sens sans réponse
à ce jour. Nous nous sommes donc adressés
à des praticiens de la burqa pour mieux comprendre ce
nouveau mode de vie. Les réponses sont toutefois
entachée d'une certaine incertitude: il est toujours
difficile de vraiment connaître les pathologies que
les porteuses de burqa véhiculent. En revanche, le
danger viral est clairement circonscrit derrière 7
mètres carrés de laines noires
épaisses. L'individu porteur de la pathologie peut
même circuler librement de la cuisine à la
buanderie.
Qu'en est-il du risque d'incubation
accélérée en milieu
ultra-confiné et à température interne
sans doute supérieure de 4 ou 5° par rapport
à l'air ambiant ?
"On ne sait jamais de quoi on meurt ni de
quoi on est malade en fait...", nous indique notre
interlocutrice qui a conservé l'anonymat.
Par ailleurs, la contamination par le
contact rapproché avec une personne infectée,
lorsqu’on l’embrasse ou qu’on lui serre la main. Un
décret visant à limiter le commerce avec la
Russie et les Esquimaux est en préparation. La
question sort du champ de compétence du
médecin généraliste, mais "si un VRP
slave vient me consulter avec la goutte au nez en plein
été, dois-je passer une combinaison de
plongée sous-marine ou miser sur l'abus de vodka ?"
demande le Dr Mordicus.
Et quid de la contamination entre patients
?
La circulaire du ministère de la
Santé préconise que "en cas de suspicion, de
faire entrer le patient par une autre porte ou de le faire
patienter dans une autre pièce que la salle
d'attente" nous lit le Dr Mordicus. Il est d'ores et
déjà fortement conseiller de faire percer une
deuxième porte dans chaque cabinet de médecin
généraliste. Il serait prudent de percer une
dizaine d'autres portes dans le cabinet si d'autres
pandémies venaient à se déclarer. De
même, il serait intelligent que chaque médecin
généraliste s'endette dès la
rentrée pour faire ajouter une dizaine de
pièces consacrée aux patients malades de la
grippe A et des autres virus en cours de préparation.
Il est aussi conseillé aux
médecins de recevoir les patients à risques
à des jours ou des horaires fixes. La segmentation
par demi-journées est à prévoir en cas
de multiplication des pandémies.
Enfin, la contamination peut aussi se faire
via le contact avec des objets touchés par une
personne malade. Il est donc prudent de faire retirer toutes
les poignées de porte de votre lieu de
résidence ainsi que la sonnette.
Débarrassez-vous aussi de vos combinés
téléphoniques, de vos couverts, de vos brosses
à dents, etc. Gardez les mains toujours bien en vue
et ne portez jamais qu'une seule fois une paire de gants.
Pour limiter la propagation, il faut
éviter donc d'embrasser ses collègues de
bureau. De toute manière, il n'est pas certain que
votre conjoint apprécie ces gestes de
familiarité. Il faut aussi se laver
régulièrement et cracher de
préférence dans son propre masque.
En somme, renoncez à toute vie
sociale et intime d'ici 2012 et tout se passera
bien.
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